Bonjour! Un an et demi après mon article précédent Se reconvertir pour mieux se retrouver #1, j’ai eu envie de me remettre derrière l’ordinateur pour un premier bilan de ma reconversion.
Cet article sera, à l’instar du premier, sans filtres et très personnel. Il s’adresse aux enseignants qui ont envie de partir et qui n’osent pas, mais pas que. Je pense qu’il est toujours bon de lire un témoignage de reconversion, quelque soit son statut, prof ou salarié, et quelque soit son stade de réflexion. J’aurais aimé en trouver davantage lors de mes démarches.
J’ai obtenu une rupture conventionnelle fin 2021. J’ai lancé officiellement mon entreprise d’illustration L’Atelier Hello auprès de l’URSSAF dans la foulée, après quelques mois d’errance administrative, je n’ai pas honte de l’admettre.
Clairement, le plus compliqué a été de trouver un nouveau rythme. Au début, ça a été vraiment étrange et même douloureux. J’ai vu mon conjoint aller à sa pré-rentrée, puis retrouver ses classes, alors que moi j’étais à la maison devant mon ordinateur. Le fait que je l’avais choisi n’a pas rendu les choses plus aisées… c’était même pire. Impossible en effet de faire part de ma tristesse alors que plein d’anciens collègues ne cessaient de vanter ma chance. Étrange de me sentir seule alors que je ne supportais plus les classes bondées. Difficile de me dire que même si j’étais heureuse de ne plus ressentir la pression de l’Éducation Nationale, celle que je m’imposais au quotidien dans le silence de ma maison était parfois plus forte encore.
J’avais enfin du temps libre, loin de la charge mentale de m’inquiéter constamment de mes élèves ( ” Y. a-t-elle bien compris la leçon? “, “J. ne parle pas ce matin, est-ce qu’il va bien? “, ” Si je dispute W. à cause de ses bavardages, je vais encore devoir gérer les appels de ses parents en plus “). Mais ces murmures ont été remplacés par d’autres, peut-être plus insidieux… ” Tu as quitté un métier dans lequel, malgré tout, tu étais compétente, et pourquoi? ” “Ton mal-être est peut-être le signe de ton erreur…”
J’ai mis quelques semaines avant de réaliser que ce n’étaient pas des doutes que je ressentais, que ma décision était réellement la bonne, que ma tristesse était une saine nostalgie, et non l’expression d’une erreur. L’Education Nationale a réellement rythmé ma vie durant plus de 8 ans, et plus même si j’ajoute mes années d’études. J’avais vécu un tiers de ma vie à être dans ce schéma bien précis. Et je quittais cet équilibre, certes délétère, mais cet équilibre quand même… pour me chercher, trouver un métier et développer ma boîte. Il y avait de quoi être chamboulée!
Au fur et à mesure des semaines, il m’a été plus aisé de faire mon “deuil” de ma vie passée. J’ai conscience de la force de ce mot, mais c’est le ressenti que j’ai eu à l’époque. Au fil des mois, j’ai été de plus en plus légère. Mon entreprise d’illustration a évolué doucement, au gré des collections que j’ai mis en vente ( voir l’article Vous proposer une collection toutes les saisons ), des expériences de vie aussi. J’ai pu prendre du temps pour moi, aller aux musées qui me faisaient envie, être inspirée, me détendre, aussi.
J’ai fait des marchés de créateurs, certains ont bien fonctionné, d’autres pas. J’ai eu la joie d’aller au salon “Créations et Savoir Faire” à Paris, et être reconnue par quelques (rares) personnes m’a mise en joie, je l’admets! J’ai rencontré en vrai de superbes personnes, comme notamment Tatiana Bluevertsoul que je tenais à saluer dans cet article, une vraie source d’inspiration pour moi dans sa gestion de son entreprise! Je me suis formée, me suis “offert” des cours pour perfectionner mon art et ma petite boîte.
J’ai préparé notre mariage et notre déménagement, aussi. Et faire les deux durant les grandes vacances a été bien sportif, je ne puis le nier! Et cela aurait été bien plus compliqué si j’avais été encore dans l’Education Nationale… Là, j’ai pu construire mon planning en fonction de mes besoins.
Et j’ai pu faire le point sur mes envies, mes attentes.
Durant ces quelques mois, j’ai surtout pris le temps de m’investir dans des causes qui me tenaient à coeur, comme la Fondation des Femmes, en menant à bien diverses missions. J’ai vu ce temps de chômage au final comme une opportunité que j’ai pu user pour travailler bénévolement pour l’association, et j’en suis ravie.
Lors de évènement du Train de l’Égalité à Strasbourg, j’ai managé une équipe d’une dizaine de personnes, une première pour moi. J’ai tracté dans les rues, géré des plannings, discuté pour mettre les choses en place au mieux pour que les bénévoles trouvent leur compte, j’ai tenu un stand pendant des heures… Je me suis confrontée à l’indifférence, à l’agacement, mais aussi à la curiosité et à l’entrain. J’ai parlé, beaucoup, avec des personnes que je n’aurais jamais rencontré autrement. Cela m’a permis de me rendre compte que si j’aimais créer, le milieu associatif était encore plus important pour moi.
J’ai compris que l’Atelier se devait d’être un complément dans ma vie, non son but principal. Je suis trop sociable pour avoir envie de rester chez moi à créer. J’ai trop besoin de mouvement pour rester statique à mon bureau, aussi joli soit-il. J’ai trop envie d’émulation, d’apprentissages, de découvertes.
Je ne vois pas cette “révélation” comme un échec, car je n’ai pas quitté l’Education Nationale pour créer ma boîte, mais bien pour trouver un métier (ou plusieurs!) qui soient plus en accord avec mes convictions et mes envies.
Niveau travail, j’ai été d’abord coordinatrice et tutrice dans un établissement privé , parce que les ados me manquaient! Cela m’a permis de sortir de la maison alors que je cherchais un boulot plus conséquent, et de faire une transition. J’ai été ensuite animatrice adultes dans un centre socioculturel, un métier qui m’a attiré de par la diversité des actions et l’aspect partage. Au bout de 4 mois, je suis partie, suite à des soucis logistiques ( pas le permis! ) et surtout parce qu’au final, j’avais envie de plus, d’autre chose tout en restant dans le domaine associatif… Cela m’a permis de me conforter dans mes choix, de réaliser que je trouvais bel et bien ma voie et que je pouvais être compétente dans un autre domaine que le professorat!
Et à présent, j’ai trouvé un autre emploi, je vous en parlerai surement dans un autre article, pour l’instant je préfère poursuivre mon chemin et voir comment relever ce joli challenge!
Je vois venir la question qui taraudent les lecteurs égarés sur ce site, et vais y répondre car lors de mes doutes dans mon processus de reconversion, j’aurais aimé davantage de franchise à ce sujet. Je parle bien de salaire. La rupture conventionnelle m’a permis de toucher le chômage pendant théoriquement 2 ans. Je n’en ai pas profité durant toute cette durée, vu que j’ai trouvé un métier salarié bien avant. J’ai touché une prime de départ. J’ai réinvesti en partie cet argent dans des voyage et notre mariage.
Mon entreprise ne me permet pas de toucher un salaire complet, et ce ne sera pas le but. Mais j’ai une rentrée d’argent régulière, avec mes collections, mes créations de logos et mes faire parts, et j’en suis déjà hyper ravie, au bout d’un an d’activité c’est déjà beaucoup! Et ce nouveau métier à temps complet me permettra de garder mon entreprise comme complément, sans la pression du chiffre.
Je tenais à conclure en souhaitant le meilleur à tous les pas-encore-reconvertis qui me lisent. Qu’ils n’hésitent pas à me laisser un message sur le site si questions ou juste envie, je serai ravie de discuter au sujet de la reconversion, de l’associatif ou de l’illustration.
Un bien bel article qui arrive à point nommé car je viens de demander une disponibilité de mon poste en collectivité territoriale. Quel est ton statut ? As tu fait un.business plan comme cela.est conseillé sur le site du.gouvernement ? Merci beaucoup et affaire à suivre.
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Bonjour, désolée d’avoir tant tardé à répondre, j’ai hélas eu quelques aléas avec mon site internet. J’ai un statut d’auto-entrepreneuse, et ai suivi notamment une formation à la CCI pour bâtir mon business plan. N’hésitez pas à me recontacter si vous avez davantage de questions et merci beaucoup pour votre intérêt! Elodie