Je l’expliquais dans l’article précédent, Midjourney est un programme qui génère des images à partir de mots clés que vous choisissez. Le principe est simple : on note une liste de thèmes, d’idées, et l’IA se « nourrit » des images qui existent sur le web pour créer quatre œuvres à partir de ces références. Or de nombreuses polémiques ont vu le jour depuis que l’application s’est popularisée.

Selon les conditions d’utilisation de MidJourney, les utilisateurs détiennent les droits des oeuvres crées avec l’IA, du moment qu’un copyright au nom de Midjourney est indiqué. Le souci principal, qui fait que l’IA est décriée, est que les images sont créées à partir d’œuvres se trouvant sur internet… et donc potentiellement à partir de réalisations protégées par des droits d’auteurs. Or, comment prouver la copie alors que l’on n’a pas de visibilité sur les images utilisées ?

Une autre question se pose, celle de la valeur de l’œuvre. Comment quantifier l’intérêt d’une réalisation artistique ? Est-ce le temps passé dessus ? Mais de quel temps parle-t-on ? Celui de l’exécution plastique ou celui de la réflexion ? Ainsi, les créateurs d’œuvres sur Midjourney ne peignent pas, ne dessinent pas. Mais il faut réfléchir au texte posté pour avoir un résultat bien précis. Ainsi, le gagnant du concours évoqué au début de cet article a usé de 900 formulations différentes pour obtenir le résultat final. Est-ce que l’art des mots peut être considéré comme de l’art tout court ?

Personnellement, je trouve que cette problématique suscitée par Midjourney  est fascinante. Des artistes comme Malevitch et son « Carré blanc sur fond blanc » ont déconstruit la vision que leurs contemporains avaient de l’art, et je pense que c’est ce qui se passe actuellement avec cette IA. Elle nous force à nous demander ce qu’on considère comme de l’art, et je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise réponse, il y a juste celle qui nous est propre.

Des artistes décrient l’application, craignant de perdre du travail. Pour moi, cela démocratise l’art et permet à des personnes qui n’ont pas osé précédemment de se lancer dans un processus créatif. Et je pense que les personnes qui achètent des œuvres sont sensibles aux notions de fait main, de personnalité, de don de soi, de travail qu’il y a dans des œuvres crées par des êtres humains. Ils ne vont donc pas s’intéresser à des réalisations générées artificiellement. Déjà, en tant que créatrice de dessins numériques, j’ai souvent des questions sur mon processus et sur la part d’ « aide » que Procreate me donne dans mes réalisations ( spoiler : très peu 😉 ) . Je pense donc qu’ils seront attentifs à ne pas valoriser de telles œuvres d’un point de vue commercial.

 

Pour nuancer ces commentaires plein de bienveillance, je me dois d’évoquer le fait que deux points me gênent. D’une part, de très rares personnes ne signalent pas leur usage de Midjourney et vendent donc des œuvres de manière malhonnête, en sous entendant un acte créatif manuel qui n’a jamais eu lieu. Je le disais, c’est une minorité infime de personnes, l’acte existe et est répréhensible.

Mais le vrai problème de Midjourney est son manque de respect des droits d’auteurs envers les œuvres dont l’application s’inspire pour créer ses réalisations. Je le disais, aucune visibilité n’est possible quant aux dessins utilisés pour générer des images sur l’appli, aucun auteur n’est cité, or l’IA use clairement de réalisations qui auraient pu générer de l’argent pour les artistes qui en sont auteurs. De plus se pose la question du plagiat. Comment situer la limite entre inspiration et copie ? Quand c’est un être humain qui crée en usant de références artistiques, il a le contrôle sur le résultat final et est en capacité de s’éloigner de l’œuvre originale. Or si Midjourney a beau s’inspirer de plusieurs œuvres pour créer ses réalisations, on ignore où se situe le curseur du plagiat dans le résultat final qu’il propose.

Voilà pour ce second article sur Midjourney! N’hésitez pas à commenter pour discuter avec moi de ce sujet que je trouve passionnant 🙂

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Photo de couverture: Photo de Elena Mozhvilo sur Unsplash

Illustration article: Sander Weeteling sur Unsplash

 

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