Bonjour!

Aujourd’hui, j’avais envie de vous proposer un article un peu plus personnel. Même si en soi, tout ce que je partage via ce site ou instagram m’est un peu intime, puisque que c’est de mon point de vue que je parle, disons que je vais monter d’un cran dans les confidences. J’ai commencé à écrire cet article lors du lancement du site, en novembre 2020. Puis je l’ai mis vite de côté, ne réussissant pas à trouver mes mots. A l’époque, j’étais enseignante d’arts plastiques, et pensais à la reconversion de manière de plus en plus sérieuse. Même si j’avais une façon de prononcer le mot comme si c’était un gros mot! Normal, car lorsque j’évoquais le sujet, les réactions étaient variées, mais plutôt négatives.

Dans l’ensemble, les personnes souhaitaient me protéger, et leurs mots étaient suscités par de l’inquiétude. Mais si je concevais leurs doutes (je les avais aussi!), disons que j’aurais aimé davantage de questionnements sur le pourquoi de ma démarche ! ^^

Et cela s’est ajouté aux doutes légitimes de quitter un travail bien rémunéré, des élèves que j’appréciais, une routine que j’avais mis longtemps à construire… Choisir de se reconvertir, c’est décider de suivre un chemin pavé d’embûches, et les pires sont souvent celles qu’on se crée soi même. 

D’autant que quand on appartient à l’Education Nationale (je pèse mes mots), il est compliqué de s’imaginer faire autre chose. 5 années d’étude après le bac, un concours pas aisé à obtenir… Une fois ces objectifs atteints, on se retrouve entraîné dans une spirale faite de classes inversées, de PAG, de compétences à valider, d’individualité à prendre en compte et de bulletins à compléter. J’ai mis des années à trouver un équilibre, à réussir à avoir un rythme décent, à ne plus corriger mes copies à 5h du matin ou à créer une séquence de cours pour le lendemain. Et sacrifier tout cela, ce n’était pas facile. Tant d’étapes à valider, pour finalement partir quand tout est en place.

Le point qui m’a fait le plus hésiter, ça a été le relationnel avec les élèves. C’est aussi cela qui m’a convaincue de partir. J’avais choisi ce métier car je n’ai pas de soucis avec la « logique » adolescente et que j’avais envie de transmettre mon amour de la créativité, ma passion de l’art et mon intérêt envers la culture. Mais en 55 min de temps, avec 25 élèves (masqués la dernière année), 19 classes soit un total de plus de 500 élèves et 1500 notes à donner par trimestre… Et bien il ne s’agissait plus de transmission, de communication, mais bien de compta. J’étais stressée en classe, devant même parfois remplir leurs bulletins en leur présence faute de temps et me refusant de bâcler les commentaires. Si j’aimais discuter avec mes élèves, je n’en ai eu que très rarement le temps au final et me suis souvent retrouvée en fin d’année scolaire à ignorer le prénom de certains… Difficile à accepter quand on pense que j’avais choisi ce métier pour le relationnel.

Je ne me sentais pas efficace dans mon métier, pas assez empathique, trop parfois, j’avais envie d’autre chose et en avais honte car mes élèves méritaient le meilleur, la meilleure, et que ce n’était pas moi. J’avais envie de temps pour moi, de dessiner pour le plaisir et non pour créer des cours liés à des programmes peu motivants, d’arrêter de peser chacun de mes mots et de vérifier chaque matin ma tenue en terme de décolleté. Envie de porter des shorts, de sortir tard le soir et de poster un dessin moins conventionnel sur les réseaux sans crainte des commentaires le lendemain. Envie de retrouver le plaisir de créer. Envie de me retrouver.

Envie aussi d’un autre métier, tout simplement. D’un métier où je pourrais pleinement exprimer toute la créativité qui bouillonne en moi, la mettre au service des autres, aussi.

C’est arrivée au terme de ce raisonnement que je me suis retrouvée à rédiger ma lettre de rupture conventionnelle et à la poster le 5 février 2021.

Pour ceux qui s’intéressent à cette démarche, n’hésitez pas à me contacter via les commentaires de l’article ou mon mail, je serai ravie d’aider à ce sujet! Je ne peux que conseiller dans la foulée le groupe facebook “prof, tu veux changer de métier”, qui m’a été d’une aide précieuse.

Le 12 février, j’ai appris être convoquée au rectorat le 18 afin d’avoir un entretien au sujet de mon départ, rendez-vous servant à valider ou non par le rectorat la fin de ma carrière de prof. 6 jours pour préparer, c’est court, heureusement, j’avais fait un stage à la CCI durant les vacances d’octobre et avais donc plein de documents à présenter. Le tout dument mis en page, je suis allée au rectorat de Reims où, au terme de 2h30 de discussion, j’ai appris le refus probable de ma demande à cause de la “nécessité de service”. Mais je ne me suis pas laissée démoraliser, et ai appelé presque toutes les semaines pour me renseigner sur l’avancée de mon dossier. J’ignore si cela a fait pencher la balance, si c’est mon business plan (merci la CCI) ou le fait que je les ai soudoyé avec des bredele (petits gâteaux alsaciens)… Mais au final, après 2 mois d’attente, le 13 avril ma rupture conventionnelle a été validée! Une joie inattendue.

Me restait à travailler au collège 4 mois et à préparer mon départ. J’ai refait des commandes pour l’enseignante suivante, ai terminé la fresque commencée dans la cour du collège en octobre. Fin juin, j’ai décroché mes posters, rangé mes cahiers, donné mes cours. Et j’ai expliqué à mes élèves que non, je ne quittais pas ce travail parce qu’ils étaient horribles (quoique, certains étaient vraiment hyper agités!), que oui, ils allaient me manquer. Vraiment.

 

Je voulais leur transmettre ce message important: un métier, ce n’est pas définitif. On n’a qu’une vie, on a le droit de changer d’avis, de se tromper, de s’égarer sur des chemins certes sympathiques mais qui ne sont pas au final faits pour nous. Rien n’est immuable, surtout pas une carrière. Surtout pas quand on passe 20 % de notre temps de vie à travailler.

Et après une dernière semaine magnifique, 1 chanson, 1kg de chocolat, 1 bouquet, 1 porte manteau cassé, 2 flacons de gel douche, 3 nouvelles traces de peinture sur les murs, 45 déclarations sur le tableau de la salle de classe et 53 dessins superbes… je crois que le message est bien passé 🙂

 

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7 commentaire

  1. Lola a dit :

    Ton témoignage m’a ému. Sûrement parce que je m’y retrouve. Je file sur Instagram découvrir la suite de tes aventures. Et je me demandais.. Regrettes tu l’éducation nationale ?

    1. Merci pour ton message et ton soutien. Pour répondre à ta question, je ne regrette pas du tout l’éducation nationale, mais je différencie la structure du métier. En d’autres termes, mes élèves me manquent parfois et je regrette surtout de ne pas avoir pu exercer dans de meilleures conditions. Mais le rectorat ne manque pas! ^^ Bon courage pour ta reconversion, n’hésites pas à me recontacter si tu le souhaites.

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